Tandis que l’Alliance se développait certains avait choisi de renforcer leur puissance par le commerce et le stockage de ressources en continuant d’exploiter honteusement les travailleurs de leur empire. Les émeutes se succédaient sur leur planète, les obligeant à fuir précipitamment lors de leurs visites.
L’appât du gain était tel, qu’ils parcouraient sans cesse de nouvelles contrées à la recherche de la fortune. S’aventurant sur des terres inconnues, ils ne prêtaient aucune oreille aux rumeurs des tavernes de l’univers. L’une d’elles mettait en garde ces aventuriers contre le Triangle des Disparus, les marins de la galaxie en parlaient à voix basse et avec gravité, et citaient souvent le Dieu Modérateur : « Attention Voyageur, si tu croises sans t’arrêter entre les galaxies 5, 7 et 9, tu céderas aux sirènes du Marchand de Planètes et les étoiles de la mort des systèmes solaires traversés se déchaîneront en même temps pour détruire ta flotte ».
En effet, il n’était pas rare que l’on signale des disparitions dans ce secteur. Les plus scientifiques d’entre nous avancent d’autres explications : certains empires poussés en avant par la soif de conquêtes oublient de défendre leur planète mère et principales. De fait, cette obsession leur fait occulter que l’essentiel du développement ne peut s’acquérir qu’à partir de bases saines et solides.
Ainsi Daarh Mok, Teex et Redblood associés sans gloire dans cette aventure, avaient-ils prévenu le Conseil de l’Alliance d’un prochain départ vers ces terres inconnues. Menthol 1er avait bien essayé de les en dissuader, leur conseillant plutôt de solidifier leurs acquis. Ils ne voulurent rien entendre, les rebellions sur leurs planètes se multipliant, ils préféraient une fuite en avant hasardeuse.
Jusqu’à l’orée de la Galaxie 9, l’Alliance reçut encore quelques messages puis les récepteurs d’holo se turent.
Dans les tavernes de l’univers les marins racontent aujourd’hui que parfois ils croisent un vaisseau délabré dont le capitaine prétend se nommer Daarh Mok, mais qui disparaît dans le vide sidéral dès que l’on essaie de l’accoster.
Cette anecdote est chantée par la Chorale Populaire de l’Alliance sous le titre « le chant du marchand de planètes » :
Le marchand de planètes a défroqué le ciel
Plongeant les galaxies dans son habit de miel
Pluton se débattait dans l’ourlet de son voile
Et Lucie jouait au ballon avec la belle Venus
Le marchand de planètes a embrasé le ciel
En pensant que les flammes attisent une clientèle
Plus d’un météorite jaillissent de sa cravate
Et Lucie jouait au ballon avec la pluie d’étoiles
Prenez votre planète il va solder le ciel
Un contrat en turban est son habit de miel
Neptune se défile en folles arabesques
Lucie s’est envolée vautré sur le matelas du jour